Quelques pensées sur ce voyage.

Infrastructures

Traditionnellement, la Corée a toujours eu des maisons surélevées à un seul étage. Un seul étage, car cela permet de chauffer les pièces par le sol, à partir du feu du foyer de la cuisine, qui sert également à la cuisson des aliments.

De fait la tradition a perduré jusqu'à récemment, et les maisons étaient toujours d'un seul étage avec chauffage par le sol. Faut dire qu'une taxe importante sur les habitations personnelles à plus d'un étage freinait la pratique... 😉

Mais dans les trente dernières années, on a vu la montée en popularité des grand ensembles d'immeubles d'appartements. Et les goûts immobiliers des coréens se sont orientés à l'opposé des français : leur rêve est d'habiter dans un appartement dans une haute tour. Il faut dire qu'il y en existe de toutes surfaces, du petit studio aux immenses lofts de 300 m2... Le seul hic est que ces logements sont chers, Seoul n'échappe pas à l'inflation immobilière...

Du coup en neuf ans, tout a été reconstruit ou presque. Le quartier de mon enfance où se trouve la vieille maison de mon grand-père a été relativement épargné par sa proximité au palais présidentiel (interdiction de construire de hauts immeubles autour du palais !). Toutefois, nombre d'anciennes maisons ont été remplacées par de nouvelles constructions, et j'avais du mal à me repérer...

Quand j'étais venu à Seoul il y a neuf ans, il n'y avait que deux lignes de métro. Maintenant il y en a une douzaine, qui couvre toute la ville. Les installations du métro sont récentes et bien entretenues, tout est propre et fonctionnel (en trois semaines, je n'ai vu qu'un seul escalator en panne, bien qu'on ait pris le métro de façon intensive). Un truc simple dont devrait s'inspirer la RATP, pour la propreté : les tourniquets avalent le ticket usagé en fin de parcours. Ça évite de trouver des monceaux de papier cartonné à la sortie des stations. En plus la RATP n'a aucune excuse : il semble que les tourniquets d'une partie des stations soient les mêmes que dans le métro parisien, donc il doit être possible de les adapter...

J'ai été aussi surpris de l'amélioration des routes. Autrefois, les routes dans les petits quartiers de Seoul étaient couvertes sommairement, alors que là, même la petite route devant la maison dispose de trottoirs couverts de dalles de béton...

Et on ne voit presque plus non plus de poteaux et de câbles électriques quadriller les rues comme dans le temps. Tout est à présent enterré. Ça semble tout bête, mais même dans le quartier de Shinjuku à Tokyo, on trouve des transformateurs de bloc de maisons en haut de poteaux !

Technologie

Je ne peux pas parler d'électricité sans mentionner les merveilles technologiques de la vie quotidienne de Seoul, surtout que je suis un fan de gadgets... 😉 D'abord, il y a des télés plates partout (du moins chez tous les gens où on a été - même si ce sont des gens aisés). Certaines sont offertes par les services de câble quand on s'abonne à leurs services. Pourquoi prendre des chaînes HD si on n'a pas l'équipement ? Et comment vendre des services si les gens ne sont pas équipés ? Solution : on fournit une télé géante HD et on vend les services autour !

Et les services comprennent généralement des lignes Internet en fibre optique (FTTH !) à 100 Mbps. Cent. Pour environ 30 € par mois. Trente. La couverture a l'air assez étendue pour que des gens soient payés à distribuer des tracts dans la rue... Et à ce prix, la télé et le téléphone sont compris, cela va sans dire. Dire que je paye plus cher pour être limité à 8 mbps (4 en pratique, je suis en bout de ligne) parce que j'ai l'option télé (chez 9Tel)...

En parlant d'électronique, on a découvert en Corée les toilettes chauffantes (pas mal), les robinets automatiques (juste à tendre les mains et ça coule), les chasses d'eau automatiques, et les sèche-mains automatiques. J'ai été surpris de trouver des robinets manuels et des sèche-mains manuels à l'UGC ultra-moderne de La Défense, alors que n'importe laquelle des toilettes publiques (à tous les coins de rue) en Corée propose ça. En plus la propreté est irréprochable !

Faut aussi que je parle de Yongsan, le quartier d'électronique de Seoul. Pensez à Montgallet, mais sur tout l'arrondissement. Il y a des immeubles immenses (genre Lafayette) qui sont remplies de boutiques qui vendent tout ce qui est électrique et électronique, de l'aspirateur au dernier caméscope, en passant par des ordinateurs, des climatiseurs, des jeux vidéos, et j'en passe.

Et le truc qui m'a vraiment fait délirer, c'est les "grottes" marchandes, comme j'aime à les appeler : ce sont des galeries interminables souvent en sous-sol, entre deux bâtiments, où il y a une concentration de minuscules boutiques proposant toutes le même genre de produits. J'ai été super fort en passant par la grotte des jeux vidéos, avec bien 200 m de comptoirs de consoles, de jeux, de figurines et autres...

Ah, je parlais du métro. Il y a aussi bien sûr des cartes de transport sans contact, qui se rechargent sur des bornes et qui sont débitées du montant du trajet. Mais ce qui est vraiment étonnant, c'est que ces cartes se présentent non seulement sous forme de carte de crédit, mais aussi sous une forme inattendue : accessoire de téléphone ! Elles sont réduites à la forme d'un rond de plastique de 2 cm de diamètre, ou même d'un anneau !

Ah, il y a aussi les téléphones... Je pensais que le Sony Ericsson K810i était le summum de la technologie téléphonique. Il l'est en effet. Mais seulement en Europe et au Japon. En Corée, c'est un clou. Un énorme clou qui plus est. J'ai vu les téléphones qui doivent sortir dans l'année ou l'année prochaine en Corée. Leurs écrans sont tellement précis qu'on dirait que les caractères sont imprimés par une imprimante laser. Ils prennent des photos et des vidéos qui mettent la honte à bon nombre d'appareils photos et camescopes. Et ils reçoivent la TNT mobile (déployée largement à Seoul). Et ils font navigation GPS. Et ils ont des jeux qui ressemblent à des jeux de Super Nintendo ou PS One (aussi jolis et aussi fluides). Et on peut caser deux de ces téléphones dans le volume d'un seul K810i...

Coût de vie

La vie est pas très chère en Corée. Du moins pour tout ce que produit la Corée. Les produits importés sont chers, mais vu que les conglomérats coréens couvrent une gamme extrêmement large de produits, ça compense un peu. Des exemples : un trajet de métro, 0,80 €. Un trajet de taxi, 2,5 €. Une paire de chaussettes, 0,80 €. Un repas dans un restaurant, à partir de 4 €. Une entrée dans un musée, 1,5 €. Une Nintendo DS, 90 €. Une valise, 25 €. Des chaussures, 8 €.

Et si vous pensez que c'est des trucs miteux qu'on a, détrompez-vous, ce sont les mêmes produits que vous retrouvez dans vos supermarchés pour 5 fois plus cher...

En contrepartie, les loyers sont en hausse, et il n'y a pas autant d'avantages sociaux qu'en France. Les coréens travaillent dur, ils commencent vers 8 h et finissent vers 20 - 21 h. En conséquence, les magasins sont ouverts de 7 h à 21 h, voire plus. Mais beaucoup de gens sont propriétaires de leur propre boutique, et regardent la télé ou s'occupent dans la journée, en attendant le client. Mais une fois qu'ils ont du monde, ils sont dispos et dévoués à leur clientèle.

Les gens

La société coréenne est une véritable société de services. Les gens sont serviables et aux petites attentions. Il y a des préposés aux nettoyages de chaque toilette publique. Ils ont même leur nom sur la fiche d'inspection en évidence au mur. Il y a un service d'emballage sur mesures à la poste, d'une efficacité et d'une rapidité exemplaire. Les commandes non immédiatement disponibles des fast-foods sont systématiquement amenées en salle. Les serveurs remplissent régulièrement les verres, même d'eau. Ils montrent comment se mange un plat aux étrangers. Et ils sont toujours polis. S'il leur est possible de faciliter la vie du client, ils le font.

Les coréens sont aussi extrêmement honnêtes. Les étals des marchands qui somnolent sur les marchés restent intouchés. Les gens réveillent gentiment le propriétaire s'ils sont intéressés par quelque chose. Les gens ne subissent pas une fouille au corps en entrant dans les magasins (pas comme la Fnac quoi). Il n'y a même souvent pas de portillons anti-vol. Et ces mêmes anti-vols sont de gros boîtiers fixés aux produits par du film transparent ou du bolduc. Juste pour dire qu'il ne faut pas partir avec.

Et Seoul semble une ville très sûre. Il y a de nombreux policiers en patrouille. Ils ne sont pas armés, ils ont juste une grande matraque qui ressemble à un sabre de kendo. Je n'ai jamais entendu une seule sirène de police pendant tout mon séjour. Les coréens exibent leurs téléphones et leurs télés portables sans crainte (pas comme le mec que j'ai vu hier à la sortie de l'UGC, qui a eu un mouvement de recul en voyant qu'il y avait du monde, alors qu'il était plongé dans son Palm...).

Les coréens sont respectueux de leurs aînés, et sont courtois. J'ai vu une femme céder sa place à une femme âgée, qui a alors proposé de prendre le sac de celle qui s'était levée sur ses genoux. Et elle n'était pas obligée de le faire, pourtant.

Et en même temps, les coréens ne sont pas disciplinés à la montée et à la sortie des rames du métro. Ils poussent et bousculent sans pitié. Ils conduisent aussi au feeling. Il y a théoriquement une priorité à droite et une priorité aux piétons, mais les seules règles sont celle du premier à klaxonner, premier à passer, et celle de la dégonfle. Mais ils utilisent activement les clignotants. Et le circulation reste fluide, car tout le monde a appris à conduire en s'attendant à l'imprévu. Il peut se passer n'importe quoi, une voiture qui s'arrête dans une voie à grande vitesse, un piéton qui surgit, une voiture qui déboule d'une rue en klaxonnant, la circulation s'adapte et continue. En France, ça provoquerait accidents et bouchons. Car les conducteurs ne savent pas réagir à l'imprévu, à ce qui sort des restrictions du code. En Corée, le code est sur la route. Les gens s'adaptent.

Au final

J'ai vraiment beaucoup aimé ce séjour. J'y ai retrouvé tous les petits plaisirs de mon enfance, comme toutes les choses à manger vendues par les marchands ambulants, que me déconseillait ma mère pour l'hygiène (mais qu'elle achète et mange aussi 😉), mais qui sont tellement bons (puis j'en suis pas mort de manger ces trucs)... Comme la chose qu'on appelle "hotdog" : c'est une saucisse sur une pique (souvent une baguette en bois), couverte de panure et légèrement frite à l'huile, avec du ketchup ou de la mayonnaise dessus. C'est bon. 🙂 J'avais été terriblement déçu la première fois quand j'ai découvert les hotdogs en France (saucisse dans de la baguette), et je me rappelle de ne même pas l'avoir fini...

J'ai aussi découvert le pays, que je ne connaissais pas, ayant vécu trop jeune pour voyager ou même me souvenir correctement. Et il y en a à voir ! 🙂